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La classe artistique Anthadès 

Depuis 2015

Collège Jacques Brel de Beuzeville (Eure)

Artistes en résidence : Marie Maucorps en collaboration avec Maxime Bizet (2020-2022), Claire Duchêne (2020-2021) et Mathilde Papin (2020-2021)

Ces résidences sont soutenues par le Conseil Départemental de l’Eure, le collège Jacques Brel de Beuzeville et l’association Anthadès. Autre partenaire régulier : La Cidrerie de Beuzeville. 

Sur l’invitation de et en collaboration avec Rachel Hacout (professeure de français) et Arnaud Tihy (professeur d’E.P.S), Marie Maucorps crée chaque année un spectacle avec les élèves de la 5ème artistique Anthadès - certaines années, d’autres classes et d’autres enseignant-es ont été associé-es au projet. 

Il s’agit de mettre les élèves dans la peau de créateur·ice·s (auteur, comédienne, danseur, metteuse en scène…) et leur apprendre à s’investir dans un groupe et dans un projet pendant une année.  Le thème de l’année est décidé conjointement par Marie Maucorps et les deux professeur·e·s référent·e·s.

Au programme : découverte du jeu théâtral, travaux d’écriture, lectures de texte en cours de français, découverte de la danse en cours d’EPS, sorties pour aller voir des spectacles,  improvisations dirigées, création de scènes en autonomie, parfois aussi collecte de témoignages, apprentissage du texte, répétitions, représentations.

Il y a également un rendez-vous annuel qui permet aux élèves de rencontrer le public une première fois avec ludisme : les Brigades d’Intervention Poétique (BIP). 

Par groupe de 2, 3 ou 4, les élèves mettent en scène 1 ou 2 poèmes qu’ils jouent dans les salles de classe du collège, interrompant le cours.

Mon acte de metteuse en scène, dans ce type de projet tout particulièrement, est de proposer des cadres où les personnes qui m'accompagnent (qu'ils et elles soient des élèves, des amateur·ices ou des professionnel·les) puissent créer, s'exprimer et jouer le plus librement possible, repousser leurs limites en toute confiance, gagner en autonomie. C'est aussi de mettre en évidence et en valeur des liens, des résonances, des moments de grâce, des maladresses bouleversantes... qui viennent toucher pile à l'endroit que je cherche, cet endroit fragile qui peut être par exemple celui de la rencontre particulière et saisissante entre un texte poétique et la parole d'un·e élève de 12 ans.

M

2023-2024 - “Je me souviens” - Ces moments où je me suis senti·e vivant·e.  En partenariat avec l’école maternelle de Beuzeville. 

 

2022-2023 - “Et après ?” - Vieillir, ça veut dire quoi ? 

Avec la participation lors de la restitution de 5 “vieux” et “vieilles” (dont 3 grands-parents des élèves). 

 

2021-2022 - “Refuge” - Parcours migratoires et hospitalité 

Avec la participation de la classe de 3ème pro

 

2020-2021 - “A nos corps dépendants

 

2019-2020 - “La première fois” - Histoires d’amour 

En raison de la crise sanitaire, la restitution est devenue un film. 

 

2018-2019 - “La chanson de Roland” - Adaptation libre et sportive. En partenariat avec l’Abbaye du Grestain. 

 

2017-2018 - “Passerelles” - Ponts de pierre, de fer, de chair et de mots. 

 

2014-2015 -  “Cent” - Centenaire de la 1ère Guerre Mondiale / Questionnement sur le devoir de mémoire

« Je me souviens des histoires que me racontait ma sœur avant de dormir.

Je me souviens de ma première heure de colle suite à une bagarre dans le bac à sable. J’avais gagné. J’étais en CE1.

Je me souviens de quand j’ai rencontré ma meilleure amie il y a six ans, on s’est rencontrées en CP!

Je me souviens du chat marron clair abandonné dans la rue.

Je me souviens du mariage de mes parents, en 2016.

Je me souviens de la fois où on a fait un grand cache-cache et où tout le monde m’a oubliée dans les bosquets.

Je me souviens de la neige qu’il y a eu après quatre ans d’absence.

Je me souviens de ma première fois au foot.

Je me souviens de cet été 2017 en Algérie avant que mon grand-père décède. Il m’avait dit comment il avait réussi à vaincre sa peur du vide en montant sur une falaise. Je l’ai fait ensuite là-bas pour lui rendre hommage.

Je me souviens de la première fois où je suis monté dans un camion de pompier avec ma soeur et mon père.

Je me souviens de la fois où j’ai été attaqué par un cobra !

Je me souviens quand ma soeur est née, j’ai ressenti de l’amour. »

« – Il est un peu cinglé quand même ce Lancelot !

– Moi je le comprends ! L’amour ça peut mettre dans des états de folie ! Moi j’ai déjà mis des coups de poings dans un mur… et balancé un aspirateur du haut du 2ème étage ! »

Prologue Chanson de Roland

 

Narratrice 1. – Bienvenue, bienvenue, approchez approchez !

Narratrice 2. – Y a beaucoup de moins de 18 ans quand même…

Narratrice 1. – Approchez, approchez ! Merci d’être venus si nombreux !

Narratrice 2. – Nan mais quand même… c’est pas pour les enfants ce spectacle, faut peut-être leur dire !

Narratrice 1. – Ne l’écoutez pas, mesdames, messieurs, c’est tout public !

Narratrice 2. – Tout public ? On va parler de massacres, de chevaliers coupés en morceaux, de gens qui meurent pendant des pages et des pages…

Narratrice 1. – Peut-être mais c’est au programme de 5ème je te rappelle, donc c’est tout public ! Rassurez-vous, mesdames, messieurs ! C’est tout public !

Narratrice 2. – Si tu le dis…

Narratrice 1. – Bien. Mesdames et messieurs, aujourd’hui nous allons vous faire découvrir ou redécouvrir La Chanson de Roland…

Narratrice 2. – Enfin, on ne va pas vraiment chanter… déjà parce que ma collègue ici chante comme une casserole… et puis parce qu’en fait c’est plutôt comme un très très long poème narratif, une épopée quoi… enfin un texte en vers qui raconte les exploits des héros du temps passé…

Narratrice 1, agacée. – Exactement… dans la tradition de l’Iliade d’Homère ou de l’Eneide de Virgile… 

Narratrice 2. – Oui bon nous, vous allez voir, on a un peu adapté le texte parce que l’ancien français, soyons honnête, on y comprend plus grand-chose... et puis les vers… c’est parfois limite pour la compréhension…

Narratrice 1, toujours agacée. – Tout à fait…

Vos visages me suffisent - Maram Al-Masri

 

Il ne me faut pas

vos noms

votre nationalité

votre carte d’identité

 

Pourtant vous avez des noms

dont vos proches vous appellent

dans les ruelles de pierre et de poussière

dans les chemins de feu et de cendre

dans le séisme d’Haïti

ou dans le tsunami

dans les tiroirs de la terre

ou dans les bouches de la famine

en Somalie

dans les prisons de Syrie

dans le chaos de Gaza

dans les champs de la guerre

 

Vos proches vous appellent

mais vous ne répondez pas

 

Vous êtes enfants

femmes, hommes

fleurs et arbres, animaux, oiseaux

Vous êtes terre, ciel et océan

car

vous entrez dans le ventre de la mort

sur vos lèvres des sourires écrasés

 

Moi

vos visages me suffisent

pour envelopper mon âme

de brouillard.

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